La taille est un vaste sujet, complexe, et surtout : subjectif. En effet, faites l’expérience de demander des avis de taille à des professionnels de l’arbre, vous aurez souvent autant d’avis que de personnes. Notre avis ci-dessous est donc à prendre avec précaution, comme tous avis de n’importe quelle personne sur n’importe quel sujet d’ailleurs.
Faut-il tailler ses fruitiers ?
Questions très fréquente. La réponse simple et rapide est : Non. L’arbre n’a pas besoin de taille pour faire des fleurs, et si la pollinisation fonctionne, des fruits. Une idée reçue et à déconstruire est qu’un arbre fruitier doit être taillé pour faire des fruits. C’est faux.
On peut tout à fait avoir des arbres dans son verger et avoir des fruits sans faire de taille. Nous avons plutôt tendance à conseiller aux gens de ne pas tailler plutôt que de mal tailler. Mal tailler s’entend dans le sens de tailler sans savoir pourquoi.
Deux exceptions à cette approche de ne pas tailler :
- le seul cas ou la taille nous parait indispensable sur des arbres greffés, c’est toutes les branches qui partent sous le point de greffe (interface entre le porte-greffe et la variété greffé). Ces départs, qu’ils soient sur le tronc ou sortant du sol sont des expressions du porte-greffe. Nous voulons que l’arbre concentre son énergie de pousse dans la partie greffée. Nous avons pour habitude de dire que l’arbre “préfère ses propres tissus”, et si nous laissons faire, la partie greffée va végéter puis finir par mourir. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des pruniers non-entretenus qui font de la “prune à cochon”. A la place de la variétés greffés (une excellente Reine-Claude par exemple), vous goûtez un fruit du porte-greffe. Donc, peut importe la saison, dès qu’on voit une pousse sous la greffe, on la taille.
- Autre cas ou la taille est conseillée, la taille de formation. Il s’agit de bâtir le début de charpente de votre arbre. Non obligatoire, cette taille sur des arbres jeunes peut permettre de choisir le départ des premières branches qui partent du tronc (qu’on appelle branches charpentières). L’arbre ne pousse que par les extrémités, ce qui veut dire que si votre première branche charpentière est à une certaine hauteur sur votre jeune arbre, elle sera tout le temps à cette hauteur, elle ne pas monter en même temps que l’arbre pousse. Il est donc intéressant de se questionner sur la hauteur de départ souhaitée : basse-tige, mi-tige, haute-tige. Un article détaillé sur la taille de formation est à venir.
Peut-on tailler les arbres lorsqu’on les trouve trop grand ?
C’est une envie fréquente que de vouloir empêcher un arbre de pousser en hauteur. Les raisons peuvent être d’avoir accès plus facilement aux fruits, de dégager la vue, ou parfois de chercher à se rassurer. C’est très souvent une mauvaise idée.
Gérer la hauteur d’un arbre par la taille peut se justifier dans quelques cas, et se déconseiller dans de nombreux autres.
Si vous avez un fruitier avec un porte-greffe pas trop vigoureux (poirier greffé sur cognassier par exemple), que vous conduisez d’une manière très interventionniste (palissage par exemple), cela peut se justifier de tailler tous les ans pour contrôler sa hauteur. Mais il faut une bonne connaissance de la physiologie de l’arbre, et une bonne technique de taille. Et toutes les espèces ne conviennent pas ! Bref, c’est des cas particuliers qui demandent une bonne connaissance de la taille fruitière, et qui demandent d’autant plus de travail, tous les ans.
Une règle générale de la taille peut s’énoncer ainsi :
Plus on taille un arbre, plus il faut le tailler. Plus on taille un arbre, plus on devra compenser et corriger les écarts à son développement spontané induit par nos coups de sécateurs. Avant de se lancer dans de la taille fruitière interventionniste, il faut se demander si on veut rentrer dans cette spirale demandant travail et technique.
Donc si vous souhaitez des arbres qui ne deviennent pas trop gros, c’est par le choix de l’espèce et du porte-greffe que l’on règle ça, et pas par le sécateur (encore moins par la tronçonneuse).