Plantation des arbres Fruitiers – Conseils
Avant la plantation : protection des racines et jauges
Les racines des arbres en racines-nues doivent être impérativement protégées avant la plantation. Elles ne doivent pas sécher, geler ou être exposées aux UV. Si vous ne pouvez pas planter directement votre arbre, mettez le en jauge dans du sable ou dans votre jardin si le sol est assez léger. Pour mettre en jauge, faites un trou, disposez vos arbres en fagot à l’intérieur, reboucher avec du sable ou de la terre sableuse, secouez bien votre fagot pour que la matière remplisse bien les trous. Une fois le trou bien rebouché, paillez généreusement pour protéger des gels. Vos arbres peuvent patienter ainsi jusqu’à la plantation.
Période de plantation
“A la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine”. Ce dicton populaire n’est pas toujours vrai. Dans l’idée, il est effectivement idéal de planter l’arbre au début de la saison de plantation. Ce qui ne correspond pas toujours au 25 novembre. En effet, suivant les saisons et les espèces, cela peut-être trop tôt. L’idéal est de planter l’arbre lorsqu’il perd ses feuilles spontanément. En pépinière, nous sommes obligés de faire le compromis de déterrer nos arbres juste avant les premiers marchés, à mi-novembre. Nous les effeuillons à la main s’ ils ont encore des feuilles. Peut-être que les changements climatiques nous amèneront un jour à changer nos habitudes ?
Si le climat est favorable pour la plantation, on peut planter ses arbres durant tout l’hiver, l’essentiel étant qu’il soit en terre avant qu’il se “réveille” (par exemple, les amandiers se réveillent tôt, en février là ou certains pommiers se réveillent fin avril).
Une fois plantés, les arbres commencent leur travail d’implantation racinaire dès que la température du sol le permet. C’est pourquoi un arbre planté en décembre aura plus de temps pour se préparer à la prochaine saison de croissance qu’un arbre planté en mars. Dit autrement, c’est moins idéal de planter un arbre en fin d’hiver, mais c’est possible. Il faudra probablement plus l’arroser la première saison.
Plantation
Pour planter un arbre à racines-nues, il n’est pas forcément nécessaire de faire un gros trou, il faut adapter la taille du trou à la taille du système racinaire. L’idée est de répartir les racines sur un plan horizontal, de les faire partir en étoile, et sur un plan vertical en faisant attention à ce qu’elles ne remontent pas. On invite l’arbre à prospecter dans toutes les directions. Si votre sol est argileux, vous pouvez travailler le fond du trou et griffer les bords avec une fourche-bêche. Lorsque vous sortez la terre, mettez de côté les différents horizons de sol, parfois reconnaissables à des différences de couleurs.
Tous les arbres ont un collet, interface entre le système racinaire et la partie aérienne. Sur certaines espèces, il est facile à identifier par un changement de couleur et/ou de texture du bois. Si vous n’arrivez pas à l’identifier, considérez qu’il se trouve 2-3 cm au-dessus des racines les plus hautes. Le collet doit se trouver juste au-dessus du niveau du sol, attention à ne surtout pas l’enterrer. Coupez les racines abîmées s’il y en a.
Une fois votre arbre placé dans le trou et les racines bien disposées (il faut souvent le tenir le temps de reboucher), vous pouvez remettre la terre sortie (en respectant l’ordre des différents horizons, la terre du fond retourne au fond) en l’émiettant aux doigts. Régulièrement, secouer doucement l’arbre pour permettre à la terre de se placer le plus possible au contact des racines. Vous pouvez tasser légèrement avec vos doigts. Si vous êtes dans une période hors gel, arrosez pour optimiser le contact terre-racine.
Nous déconseillons fortement d’apporter des amendements dans le trou. Si vous voulez amender, faites le en surface, sous le paillis. Si vous mettez de la matière organique dans le trou (compost ou fumier par exemple), vous prenez des risques de pathologie des racines. De plus, vous n’aidez pas l’arbre à bien se développer au niveau racinaire. En effet, on souhaite éviter les inconvénients rencontrés avec les pots ou les containers, qui vont rendre l’arbre “fainéant” et vont moins l’inciter à explorer son milieu.
Si vous amendez en surface, l’arbre sera obligé de travailler plus avec la vie du sol pour avoir accès aux nutriments, et va de fait la développer. Le principe est simple, on nourrit la vie du sol, qui elle va nourrir la plante.
Nous ne rabattons pas les arbres que nous plantons (ce qui veut dire que nous ne les taillons pas), car nous faisons très attention au déterrage pour conserver leurs racines intactes autant que possible. Il peut être justifié de rabattre un arbre qui aurait laissé trop de racines en pépinière. Un arbre mal déterré va avoir trop de partie aérienne par rapport à la partie racinaire. Le rabattre va rééquilibrer dans ce cas en faveur des racines, ce qui va provoquer des pousses vigoureuses en réaction.
Dans une logique de taille interventionniste, vous pouvez rabattre un arbre bien déterré, mais si vous n’êtes pas familier avec la taille fruitière et que vous souhaitez conduire vos arbres en port libre ou semi-libre, nous vous conseillons de ne pas les tailler à la plantation.
Plan de plantation
Il est très important de faire un plan de plantation avec les portes-greffes et variétés plantées. Les étiquettes sur les arbres ne sont pas éternelles. Il est important de connaître les variétés de son verger pour de nombreuses raisons. Pour la pollinisation par exemple, si vous avez un problème de fructification, le fait de connaître les variétés déjà plantées permet beaucoup plus facilement de poser un diagnostic. En tant que pépiniériste nous sommes régulièrement sollicités pour ce faire, et le plan nous aide grandement ! Faites un plan, mettez le à jour, et faites-en des copies.
Tuteurage
Nous déconseillons de tuteurer les arbres plantés, avec une exception pour les pommiers nains.
Un arbre tuteuré ne développera pas le même bois et les mêmes racines que sans tuteur. Le risque étant sur le long terme d’avoir un arbre plus fragile que s’il n’était soumis aux contraintes de l’environnement dans lequel il va vivre. D’autant plus que le tuteur est une béquille qui ne vivra pas la durée de vie de l’arbre.
Pour les pommiers nains (porte-greffe M9 ou M26 par exemple), ces arbres produisent rapidement du fruit sans avoir développé une structure suffisamment résistante pour les porter, c’est pourquoi nous conseillons de les tuteurer dans l’idée de les aider à porter le poids des fruits. Ces arbres ne vivant pas longtemps (une vingtaine d’année en moyenne), les inconvénients du tuteurage ne s’appliquent pas réellement à eux.
Arrosage
Si vous plantez des scions (=arbres greffés), il est dommage de les traiter trop “à la dure” et de les laisser se débrouiller. Cette approche peut être pertinente sur des plantations agroforestières (haies par exemple) avec des arbres de semis, non greffés, au coût plus modeste, que l’on peut planter facilement en grande quantité.
Pour les scions il nous paraît important d’accompagner les arbres les premières années au niveau de l’arrosage. La quantité et la fréquence d’arrosage sont dépendantes de différents paramètres. Si vous êtes sur un sol drainant (comme la plupart des sols de la moitié nord de l’Ardèche), il faut arroser plus souvent que sur des sols plus lourds (=plus argileux). Si vous amendez et que vous paillez généreusement, vous pouvez réduire l’arrosage par rapport à un sol à nu. Pour le développement racinaire, Il est plus intéressant d’arroser en zone autour de l’arbre (arrosoir, aspersion, bassinage) que par goutte-à-goutte. Mieux vaut des arrosages conséquent et espacés que trop fréquents et trop légers.
Il est impossible de donner une quantité par arbre. C’est à vous de juger. Vous pouvez mettre vos doigts à 10 cm de profondeur, si le sol est encore frais, c’est bon. Si vous avez un ressenti de sec, arrosez. Si vous voyez les feuilles des arbres se pencher, les arbres sont en train de fermer les stomates, ils sont en stress hydrique, arrosage immédiat.
Paillage et Amendement
Nous conseillons d’amender les scions les premières années. Il est important de mettre l’amendement en surface uniquement, sans toucher le tronc.
Fumiers, compost, poudre de roche, cendre de bois, sang séché, foin, algues, … il y a de nombreux amendements possibles, ce qui est important c’est qu’il soit organique, exempt de produits de synthèse chimique qui ont un impact néfaste sur la vie du sol.
Pour le paillage, utilisez du matériau suffisamment carboné ; bois broyé, paille, carton, …. Si vous utilisez de la matière fine telle que de la sciure, attention à l’effet “plâtrage”, mélangez-le à du matériel plus grossier. Une fois votre arbre bien paillés, dégagez un cercle de quelques centimètres autour du collet pour éviter les problèmes de champignons sur le tronc.
Epandre l’amendement en surface, pailler par-dessus. Plus vous utilisez de matériaux différents, plus vous nourrissez un spectre large de micro-organisme du sol, mieux c’est pour vos arbres.
Protection
Une fois l’arbre planté, il est important de les protéger s’ il y a un risque d’abroutissement. Pour éviter les dégâts liés aux chevreuils, il faut soit clôturer une zone complète (tout le verger par exemple) avec un grillage à 2m de haut, ou chaque arbre individuellement. Dans ce cas, placez trois piquets en châtaignier ou robinier en triangle à 50 cm du tronc de l’arbre. Fixez un grillage à mouton d’1m de hauteur autour des poteaux.